Nous y sommes enfin. Premiers retours d’expériences des entrepreneurs africains et européens. Premières études de cas. Et par conséquent, deuxième stade d’évolution en perspective !!
Au-delà de l’aide humanitaire qui nous passionne, plusieurs artisans ont relevé le défi et se sont installés pour faire tourner leur activité avec une Lytefire. Nous les appelons les Artisans Solaires Nourriciers et je dois cette magnifique appellation à Richard Loyen, passionné de cuisine solaire et délégué général de Enerplan (France).
Comme vous le savez, la Lytefire a été conçue pour les pays super-riches en soleil et principalement pour les commaunautés en grande difficulté d’accès à l’énergie propre, menacées par la déforestation galopante, contraintes de dépendre de réseaux électriques instables ou de factures de charbon très élevées.
Toutes les personnes concernées par la Lytefire apprennent à utiliser l’énergie solaire pour produire quelque chose qu’elles vendront. Que ce soit dans des campagnes, aux abords des villes ou dans des camps de réfugiés, tout l’intérêt de la Lytefire réside dans le fait qu’elle est un outil de production simple, solide et puissant. Et c’est bien plus qu’un four solaire.
Avec une Lytefire et du soleil, on peut faire du pain, des biscuits, des viennoiseries, gâteaux, pizzas, ont peu griller des graines et des arachides sans goût de brûlé, on peut créer des alternatives au café avec des légumineuses, des snacks, du gomasio, des céréales de petit-déjeuner, on peut sécher des fruits ou du poisson, et cuisiner en quantité, pour des cantines scolaires par exemple. On peut en faire en quantité et du coup, on peut les vendre ce qui, dans le contexte de pays souffrant du réchauffement climatique, permet de créer de l’emploi sans tout détruire. C’est du moins notre pari et notre modèle.
Pour le moment, nos coûts de production ne permettent pas à ces utilisateurs et utilisatrices vulnérables et à très bas revenus d’acheter leur équipement et nous travaillons donc avec des ONG pour aller ensemble au-delà de la cuisson solaire et créer de l’activité économique. Nous sommes heureux de voir que depuis quelques temps les perceptions sont en train d’évoluer, que les micro-entrepreneurs et les PME sont de plus en plus clairement identifiés comme des acteurs du changement et de la résilience, et enfin, qu’il est crucial avec le solaire thermique d’aller au-delà de la cuisson familiale et des usages domestiques.
En parallèle, nous avons travaillé sur d’autres utilisations de notre tech : de la production de vapeur à la production de froid, de tests pour le bardage à la fonte. Tout est très prometteur mais pour l’instant, nous sommes avec ces populations et, depuis peu, avec ces artisans.
Jugez plutôt. Des femmes et des hommes décident de modifier leurs habitudes de production, leur organisation, leurs gestes même, pour accueillir un four solaire Lytefire. Artisans solaires, ils et elles se proposent de nous nourrir sur la base d’une énergie complètement décentralisée, d’un équipement qui peut-être entretenue sans problème, dont l’utilisation ne dégrade pas l’environnement et qui ne modifie pas le goût des aliments.
Alors ce rapide bilan ?
Depuis 2016, nous avons implémenté des fours solaires dans de nombreux pays, notamment en Afrique de l’Est. Le travail avait commencé bien avant mais c’est vraiment là qu’on a démarré avec World Vision Finland. Pendant des années, des chefs de projets se sont rendus sur place, construisant dans des petits ateliers, puis créant la formation qui permet de démarrer des activités de boulangerie solaire. Puis, un artisan a pris en charge notre fabrication avant que la demande n’augmente et que nous ne commencions à travailler avec une usine de Nairobi pour créer la Lytefire PRO avec son brûleur à charbon intégré pour les jours de mauvais temps. En plus de cela, nous cherchons à localiser notre production au maximum et deux fabriquants produisent et commercialisent la Lytefire en Afrique de l’Est via des licences.
Sur tous ces groupes soutenus par les ONG, tous n’ont pas forcément un état d’esprit entreprenant et tous n’ont pas pu communiquer les précieux relevés dont nous avons besoin pour évaluer notre impact. Loin de là. Au fil de temps, nous avons tout de même pu collecter certaines performances. Récemment, deux études de cas au Kenya et en Ouganda, viennent prouver la validité du modèle : deux micro-entreprises ont été créées autour de la source d’énergie des fours Lytefire et elles commencent à être profitables cette année. Il s’agit de la Solar Fire Bakery, au Kenya, et de la Smart Up Solar Bakery, en Ouganda.
En raison de leur avantage unique de fonctionner à l’énergie solaire thermique gratuite, même quand leur production augmente, le coût de l’énergie reste mineur pour tous les jours de soleil (soit environ 250 jours par ans).
En parallèle, nous avons décidé de vendre certains plans pour accélérer la diffusion de la Lytefire en Occident. Puis, dans les pas de NeoLoco, la petite boulangerie solaire normande articulée autour de plusieurs Lytefire, nous avons vu de courageux artisans français se lancer dans l’aventure, devenant eux-aussi des Artisans Solaires Nourriciers. Oui, c’est courageux et le contexte énergétique français n’est pas celui de l’Afrique de l’Est.
Pour le moment, aucun n’a reproduit le modèle de NeoLoco qui combine la boulangerie et la torréfaction. Une petite série de Lytefire Deluxe produites industriellement a été mise en place avant que deux artisans désireux de proposer des Lytefire de qualité à des budgets low-tech ne décident de se lancer à fabriquer. Donc oui, pour le moment en France nous sommes dans la low-tech. Et qui dit low-tech ne dit ni low-cost ni baisse qualité, merci.
Depuis 2021 en France, six artisans boulangers professionnels ont décidé d’adopter la Lytefire : Barasol (Bretagne), Au gré du soleil (Alpes), Au soleil levain (Provence), Brin de levain (Drôme), Bruzhun (Bretagne), Ferme Galaxie (Ouest). Pour la torréfaction seule, ils sont quatre : Aurinko (Pyrénées), Atelier Bélénos (Ille-et-Villaine), Idée d’en faire + Lug (Ouest), Du soleil et des graines (Loire). Deux ont laissé tombé et ont pu revendre leur équipement. Deux autres expérimentent des modèles différents en intégrant la Lytefire à la production de bière (Hélie, dans l’Est) et à la conserverie alimentaire (Fourmi, dans l’Ouest).
Tous travaillent avec des équipements Artisan, Deluxe ou DIY. Tous ont des retours d’expérience très différents qui nous invitent à une réfléxion profonde sur l’adaptation de la Lytefire au contexte français, notamment pour la production de pain. On ne va pas tout dévoiler aujourd’hui mais c’est déjà bien plus qu’une réfléxion !
L’énergie solaire va toujours faire partie d’un mix (four à bois ou électrique complémentaire par exemple). Alors pour des viennoiseries, brioches, biscuits, pizzas, gomasio, et toutes sortes de préparations en petites quantités, pas de problème. Pour un certain type de pains moulés comme fait NeoLoco et des petites productions hebdomadaires avec un climat stable, vous allez adorer la Lytefire ! Toutefois, dès que vous voulez monter en cadence, la contrainte de l’absence de suivi automatisé peut être un problème. De plus, si la météo et l’emplacement n’ont pas correctement été évalués au départ, un ciel changeant trop rapidement peut vous ruiner les fournées et il faudra retenir la chaleur avec des pierres dans le bas du four.
Et c’est là qu’on voit clairement qu’une énergie décentralisée nous oblige à prendre en main toute la responsabilité de notre production. Quand l’énergie n’est plus disponible en continu, c’est l’organisation et les performances qui changent. Ce qui vient impacter le modèle de société dans lequel nous sommes (et c’est bien pour ça qu’on fait tout ça).
Donc pour la France, ces artisans sont réellement l’avant-guarde des pionniers. Nous n’en sommes clairement qu’au tout début de la diffusion de la concentration solaire et même si nous sommes très heureux des premiers résultats, nous sommes très conscients que la route est longue. Mais qu’elle est belle !
Alors si vous êtes tentés par l’aventure et que vous voulez vous aussi devenir un, ou une, Artisan Solaire Nourricier, n’hésitez pas à nous contacter pour bien préparer votre projet, utilisez le calculateur d’économies et contactez aussi directement les artisans pour échanger avec elles et eux. Vous devriez pouvoir le faire facilement via le site / leurs pages.
Cette transition vers un « nouveau monde » doit bien évidemment être attractive et profitable.
Messages
4 septembre, 19:15, par Rémi
Bonjour, fan de votre démarche, j’ai suivi avec attention le retour d’une artisane boulangère et je trouve incroyable que vous soyez déjà à l’étape d’après. J’espère pouvoir, d’ici une paire d’années, vous contacter pour préparer mon projet à mon tour.
5 septembre, 09:10, par Eva Wissenz
Bonjour Rémi, merci de votre commentaire et au plaisir d’en reparler quand ce sera le bon moment pour vous !