Notre Histoire
Voici l’histoire de Lytefire. Depuis notre création en 2012, notre mission est d’assurer un accès à une énergie abordable, fiable, durable et moderne pour tous partout où le soleil brille et de participer à la création d’emplois véritablement durables.
Un ingénieur humaniste
Cette aventure commence avec un ingénieur canadien du nom de Fraser Symington (1920-2014) qui décide de chercher une solution énergétique adaptée aux populations vulnérables. À cette époque, le mouvement des fours solaires individuels commençait à se répandre dans le monde entier, et c’est une façon de cuisiner portée par plein de beaux projets mais aussi avec certaines limites.
Fraser s’était donné 3 contraintes majeures pour cette innovation solaire. Elle devrait être : 1) aussi puissante qu’un feu de bois (on l’appellerait plus tard « solar fire »), 2) construite avec des matériaux disponibles localement, 3) facile à utiliser et à entretenir par les utilisateurs.
Il a créé de nombreux prototypes pour prouver son concept : le Phaéton, la Vesta, l’Apollo, le Helios, qui plus tard a conduit aux modèles SOL puis Lytefire. Tous étant beaucoup plus puissants que n’importe quel cuiseur solaire individuel et plus faciles à entretenir que tous les grands systèmes de cuisson solaires existants.
Une aventure de notre époque
Petit-fils de Fraser, Lorin Symington a grandi au milieu de toute cette créativité solaire. Au milieu des années 2000, suivant l’idée d’un ami, Lorin a décidé de construire un concentrateur solaire pour les cultivateurs de cacao à Oaxaca, au Mexique, avec un ami d’enfance, Eerik Wissenz. Le projet était de torréfier les fèves de cacao avec un concentrateur solaire et de vérifier si le résultat pourrait fonctionner pour la commercialisation. A cette époque, un autre ami inspiré par les performances d’un premier concentrateur solaire et désireux de soutenir les communautés locales de Oaxaca, a décidé de lancer ChocoSol Traders, à Toronto. Eerik, jeune philosophe passionné de mathématiques et de justice sociale, a commencé à voir dans le concentrateur solaire une solution réelle qui valait la peine d’être largement diffusée pour que les populations les plus vulnérables puissent enfin accéder à une puissante source d’énergie propre et gratuite. Pour Lorin et Eerik, ce voyage aventureux au Mexique est devenu le premier d’une longue série pour soutenir l’écologie et la justice sociale.
Un projet de vie ?
En 2007, ils rencontrent Eva Cantavenera à Cuba. Elle avait beaucoup travaillé à Paris dans le tourisme, l’édition et l’art. De plus en plus préoccupée par les questions liées au changement climatique, elle avait alors décidé d’aligner sa vie sur ses valeurs et adopté un mode de vie plus frugal à la campagne tout en consacrant son temps à sa passion pour l’écriture de fictions sur l’écologie.Faisant beaucoup de bénévolat, Eva était bien consciente des difficultés quotidiennes auxquelles font face la majorité des gens sur cette planète. Alors, quand elle a entendu parler du "feu solaire", il était évident pour elle que c’était une pièce du puzzle pour mettre fin à la pauvreté énergétique et donner plus d’autonomie aux femmes du Sud.
À l’époque, Lorin et Eerik avaient pour mentalité de suivre le vent, de participer à des projets alternatifs en Corse et au Mali, ou encore de former des ONG françaises pour intégrer cette technique à certains programmes… Eerik a visité le four solaire géant de Font-Romeu, en France, avec l’espoir que les scientifiques développeraient la technologie avec lui. Pendant ce temps, Lorin vivait entre le Canada et l’Afrique. Eva et Eerik ont commencé à installer des petits concentrateurs solaires en France. Ils ont commencé à former les gens à construire un système solaire plus petit, mais puissant, appelé Batan en utilisant 1m² de miroirs. Ils ont aussi créé une petite association ainsi qu’un tout premier guide pour le Cuiseur Lytefire.
Mais l’impact dramatique du réchauffement climatique sur la population du Sud devenait chaque année plus réel et attendre des subventions n’était pas leur tasse de thé. Eva et Eerik ont donc commencé à réaliser progressivement que si ce n’était pas eux, alors qui d’autre allait diffuser cette belle innovation à celles et ceux qui en ont le plus besoin ? C’est alors que ce petit projet a commencé à devenir un projet de vie pour les aventuriers.
Six amis et une passion
Vers 2011, Eerik et Eva ont rencontré Will Cleaver en France. Will est originaire du Royaume-Uni, c’est un fan d’escalade qui travaillait sur la sécurité des plates-formes pétrolières tout en contribuant à Open Source Ecology. Beaucoup de discussions avaient alors lieu sur le simple fait de mettre les plans open source et en ligne (lire notre post sur ce sujet). L’idée était bonne, mais les amis étaient conscient que seul un infime pourcentage de la population construirait les concentrateurs solaires par eux-mêmes alors que des millions de personnes en avaient besoin. Pour ralentir rapidement le réchauffement climatique et la déforestation, la population a besoin rapidement d’une source décentralisée d’énergie propre et d’une large production, si possible locale. Et si la concentration des rayons solaires n’était pas une idée neuve, toutes les innovations sur les applications qu’ils développaient pourraient faire une réelle différence.
À l’époque, un écologiste suisse, Urs Riggenbach, est entré en contact avec le petit groupe. Sensibilité à l’écologie dans la ferme bio de ses parents, Urs est allé étudier en Inde et aux États-Unis. Il avait entendu parler de ce qui commençait à devenir le « Solar Fire » lors d’une visite à Open Source Ecology. Convaincu lui aussi de la nécessité de diffuser cette puissante technologie, Urs a lancé un projet pour équiper une école au Népal. Il a rencontré Eerik à Rajkot, en Inde, alors qu’il y développait un projet avec un entrepreneur local. Plus tard, après des tests réussis, Urs a accueilli Eerik, Will, Eva et d’autres enthousiastes en Suisse pour construire un concentrateur solaire Helios sur la ferme de ses parents.
En 2010, Arnaud Crétot, ingénieur en thermo-optique français, parcourait le monde avec un ami après leurs études. Il a lui aussi rejoint le groupe après avoir vu notre système produire de la vapeur en Inde où Eerik et Eva ont travaillé avec un entrepreneur inspiré par la vision de Gandhi (here). Quelques années plus tard, Arnaud allait quitter son poste d’ingénieur pour rejoindre l’équipe entre 2014 et 2016.
Eerik et Eva ont par la suite fondé une famille puis une entreprise pour structurer les choses. Ils ont quitté la France pour la Finlande afin de fonder Solar Fire Concentration Ltd en 2012, rapidement rejoints par Urs, Will, Lorin et Arnaud. Réunis par leur confiance dans la technologie et leur désir de soulager les populations vulnérables au conséquences du changement climatique, les six amis ont commencé à travailler dur, parfois réunis à Tampere mais la plupart du temps à distance.
À l’époque, très peu de gens voyaient ce qu’Eerik voulait dire en parlant “d’économie solaire directe” et son approche était assez pionnière. Eerik était responsable de la stratégie, des brevets et des partenariats. Urs s’occupait de tout l’informatique, et Lorin et Will parcouraient le monde pour l’implémenter et apporter des fonctionnalités supplémentaires. Eva était responsable de la communication, des partenariats, des finances et de l’administratif. Eerik et Arnaud ont élaboré un logiciel pour les calculs optiques et thermiques et ils ont travaillé sur différentes applications.
2015 : le tournant
Le défi majeur posé à ce groupe d’écologistes était de diffuser cette solution solaire simple et puissante ne nécessitant pas de haute technologie tout en conservant une approche humanitaire et en levant les freins d’acceptation de la cuisson solaire (voir notre post sur ce sujet). Ils envisageaient d’y parvenir sans capital, sans réseau et sans expérience en entrepreneuriat. Et 2015 fut le premier tournant majeur de leur petite entreprise.
Leurs idées avaient déjà trouvé écho auprès de plusieurs bricoleurs qui les encourageaient. Il était temps de positionner clairement l’entreprise autour de ce puissant dispositif solaire. Et pour dépasser la résistance au changement face aux nouveaux outils, nous avons ajouté une quatrième contrainte à celle de Fraser Symington : il faut que les utilisateurs puissent utiliser ce « feu solaire » pour gagner de l’argent car un outil qui rapporte de l’argent va être adopté plus rapidement quelles que soient les résistances sociales et culturelles.
La première intention a été de démarrer une boulangerie solaire en Haïti et de montrer qu’il était possible de faire de l’argent avec ce feu solaire, mais malheureusement, l’entrepreneur choisi n’a pas pu mener ce projet à bien car Haïti est un endroit très difficile. Les six amis ont également voulu publier leur premier guide de construction gratuitement, ce qu’ils ont fait pendant un certain temps après le succès de leur première campagne de crowdfunding.
Néanmoins, sur la base des premiers résultats, deux investisseurs de pré-amorçage ont rejoint l’aventure avec le soutien de Tekes, Finnpartnership et Finnvera. L’équipe a alors commencé une coopération fructueuse au Kenya avec l’ONG internationale World Vision Finland. Ce premier projet visant à équiper les organisations communautaires locales de fours solaires s’est très bien déroulé en termes de production de pain au niveau du village, en particulier avec le premier boulanger professionnel impliqué, David Chepkwone (voir ici). Cela a conduit à de nombreuses coopérations sous la bannière de GoSol qui a un temps regroupé les activités humanitaires de l’entreprise. Un autre partenaire clé dans ce développement a été Plan International Finland et le projet Smart Up Factory, pour qui l’équipe a créé le programme de formation de boulangers solaires en 2018. De prestigieux commanditaires et fondations ont également commencé à soutenir cette approche.
Au cours des années suivantes, de nombreux projets humanitaires ou d’entrepreneurs se sont déroulés au Kenya, en Tanzanie, au Burkina Faso, en Haïti, au Vietnam, aux Philippines, en Ouganda, au Brésil, en Afrique du Sud… Lorin a mis en œuvre sur le terrain diverses itérations de la tech avec des partenaires locaux. Will a également mené quelques projets, tandis que le reste de l’équipe se concentrait sur la recherche de contrats, les développements techniques, la création du prochain manuel de construction, la coordination des projets, l’informatique, la production de contenus, la promotion, l’administration (qui est lourde en Finlande !) et la communication. Les six amis étaient tous très compétents et créatifs, parfois trop même, et en 2019 ils ont commencé à vouloir simplifier toutes leurs activités et les rassembler sous le nom unique de Lytefire.
Ces premières années ont été très difficiles. De longs projets avec des ONG ne peuvent pas être un modèle économique à long terme pour diffuser une technologie à grande échelle, aussi loin et aussi vite que possible. Le stress financier était énorme, personne ne comptait les heures, le dévouement était absolu. Tout cela n’était bien évidemment pas durable à long terme. Certains ont commencé à s’épuiser et perdre espoir. Pour finir, les divergences dans la manière de stabiliser l’entreprise tout en diffusant la tech ont conduit à une longue et douloureuse restructuration de la gouvernance et des opérations en 2021-2022. C’est ainsi que le petit groupe a dû passer d’un projet exploratoire humanitaire prometteur à une véritable entreprise, stable et réellement capable de diffuser son innovation.
Devenir des entrepreneurs sociaux
En 2022, les ventes ont enfin donné de bons résultats financiers. Cela a encouragé Eva et Urs dans leur intuition de se concentrer de plus en plus sur l’expérience des utilisateurs, de renforcer les productions locales avec des licences et des micro-licences créatives, tout en soutenant plus directement les entrepreneurs pionniers. Ils ont structuré les opérations, simplifié certains processus, intégré de nouvelles habitudes de travail et développé plus de matériel éducatif et de construction avec Samuel Rodrigues. L’égalité des sexes commence enfin à être atteinte dans la gouvernance, puis plus tard dans l’équipe, grâce à Susanne Müller, investisseuse, qui a rejoint le conseil d’administration dans une période charnière, et à Muriel Fuhrer.
Derrière les ventes, la R&D, les performances, les articles de presse et les histoires, il y a des gens. Rien ne se passe sans les gens, leur expérience avec leur Lytefire, leurs commentaires, leurs questions, leurs idées et… leur bonne énergie. Le désir de créer une communauté pour tous les utilisateurs de Lytefire était là depuis le début, mais ce n’est qu’en 2022 que la plateforme Lytefire (ou Hub) a vu le jour grâce à Urs et Muriel. Tous les utilisateurs de Lytefire, les constructeurs, les entrepreneurs en Europe utilisant une version Deluxe ainsi que les entrepreneurs du Sud utilisant une Lytefire PRO, peuvent maintenant se connecter et partager des astuces et des conseils sur ces fabuleux concentrateurs solaires et tout ce qu’ils leur permettent de créer.
En 2021, Joan Arwa a créé à son tour sa première boulangerie solaire au Kenya et en 2022 avec sa Lytefire, nous avons organisé une campagne de financement participatif pour soutenir directement ses efforts, ainsi que deux autres boulangers locaux. Elle utilise à présent 2 fours solaires pour sa production.
Au cours des années 2022-2023, à notre grand étonnement la Lytefire a suscité l’intérêt des pionniers et des médias français grâce à la boulangerie solaire NeoLoco fondée par Arnaud sur la base d’une Lytefire. En effet, en 2019, Arnaud avait souhaité vérifier les performances du Lytefire dans un contexte non africain. Eerik a suggéré de lui prêter un four Lytefire construit en Suisse par Lorin, Will et Urs. Arnaud a commencé à l’utiliser pour son activité de boulangerie en Normandie. Il fut rapidement impressionné par les performances de sa Lytefire sous le ciel normand ! Arnaud a ensuite rencontré les co-gérants de CPM-Industries et grâce à leur expertise, le modèle industriel Lytefire Deluxe sur remorque aux normes européennes était né. Arnaud est devenu le premier boulanger solaire en Europe, gagnant sa vie avec NeoLoco et accueillant de nombreuses personnes chez lui pour découvrir une nouvelle façon de transformer les aliments grâce à l’énergie solaire concentrée. Exemple parfait d’un système économique solaire direct tel que pensé par Eerik, son entreprise connaît un beau succès qu’il partage par des formations, un livre, des journées portes ouvertes.
Et maintenant…
Nous souhaitons diffuser la technologie rapidement et nous avons créé de nombreux points d’entrée vers la Lytefire pour de nombreux utilisateurs et budgets différents. Nous exportons la Lytefire PRO, nous sommes ouverts aux licenciés commerciaux, artisans licenciés, encourageant les projets divers (comme avec Pain Soleil en Haïti) et nous travaillons toujours avec le secteur humanitaire.Nous espérons encourager l’autonomisation énergétique des gens partout dans le monde afin de créer des modes de vie plus durables.
La Lytefire telle que vous la voyez aujourd’hui est le résultat de plusieurs années de développement par des gens passionnés sur le terrain et par des ingénieurs. Cette technologie et ses applications brevetées peuvent répondre à de nombreux besoins. Notre équipe est innove constamment en accueillant de nouveaux partenaires.
Nous tenons à exprimer une immense gratitude à toute l’incroyable équipe Lytefire, en particulier à Eerik, Lorin et Arnaud qui sont actionnaires mais qui ne sont plus impliqués dans les opérations. Will fait toujours partie du conseil d’administration. Les institutions gouvernementales, les ONG, les sponsors, les consultants et les stagiaires ont également contribué à nos efforts jusqu’au bout. Nous remercions tous les amis, les membres de la famille, les actionnaires, les artisans, les partenaires, les entrepreneurs, les constructeurs, les bricoleurs et les associations qui croient en cette technologie et qui rendent tout cela possible avec nous chaque jour.
Cette courte vidéo vous présente la diffusion d’une économie solaire solidaire directe ainsi que nos étapes clefs entre notre création et 2018 :